Le Théorème Zéro, de Terry Gilliam

Réalisateur de plusieurs films des Monty Python, du célèbre Brazil et bien d'autres encore, Terry Gilliam nous propose un film réfléchi sur le sens de la vie et caricature une société future (qui pourrait bien exister si les choses continuent comme ça). Un informaticien-chercheur troublé (Christoph Waltz méconnaissable en chauve malade) attend un appel d’une entité qui lui donnerait soi-disant le but de son existence. Cet homme solitaire se trouve durant le film en charge d’un théorème à vérifier : « 0 doit être égal à 100% », appelé le théorème Zéro. Ce théorème prouverait que le vide est omniprésent et donc que la vie n’a aucun objectif réel, si ce n’est disparaître avec le temps.

Nous plongeons assez rapidement dans un univers très coloré mais sans « saveur » au sein d’une société capitaliste où la productivité au travail est obligatoire. La ville où se trouve Qohen (le nom de notre chauve)  est un nid à publicité. Les relations sociales sont minimes : l’exemple d’une soirée où tout le monde danse sur sa propre musique via son mp3 est un symbole assez fort pour exprimer le changement de mentalité de la population. Cet « isolement » se retrouve d’ailleurs par la possession d’ordinateurs ultra puissants qui s’utilisent comme une console de jeux vidéo grâce à une manette (petit symbole de la société de divertissement) où il est possible d’obtenir un service médical virtuellement sans sortir de chez soi (Qohen obtient une psychologue virtuelle à qui il expose ses problèmes). De plus, ces ordinateurs permettent de rentrer dans un monde virtuel où l’internaute peut choisir l’environnement de son choix et y faire ce qu’il veut. "La réalité virtuelle résout tous les problèmes". Qohen utilise ce genre de service et en arrive au point où il ne sait plus vraiment s’il est dans la réalité ou non. Pour résumer l’argent et la science ont remplacé l’art et la religion au sein de cette société rationnelle qui ne profite plus vraiment du monde qui l’entoure.

Incroyable n'est-il pas?

             Certaines personnes (comme Qohen) peuvent se demander quelle est leur place sur la Terre au sein d’une société comme celle-ci, et soulèvent deux questions ancestrales : « quelle est la place de l’homme sur la Terre ? Le but de la Vie en général ? ». Le théorème en question révélera qu’il n’y a que le néant autour de nous et en nous, ce qui reprend en autre la philosophie bouddhiste où tout n’est que vacuité. La science serait donc la solution pour répondre aux questions philosophiques les plus profondes car un simple théorème mathématique rend  des hypothèses philosophiques valides ou tout du moins les illustrerait. Également, la science (particulièrement les mathématiques) permet de mettre en place une stratégie économique pour augmenter les bénéfices des entreprises. Le directeur de Qohen, appelé Manager (joué par Matt Damon), explique que le théorème Zéro permet de prouver que la vie n’a pas de sens mais qu’en tant qu’homme d’affaires, ce théorème permet d’obtenir une nouvelle manœuvre commerciale  car d’après lui le chaos est un excellent filon (ça commence à partir très loin). La notion de vacuité est présente tout au long du film, celui-ci commence sur la vision d’un trou noir crée sur écran par Qohen Less  et se termine avec l’aspiration de son corps dans ce même trou noir.  Le manager raconte également à Qohen que l’on mène une vie dénué de sens en cherchant une signification à son existence.

Le film est en lui-même un peu brouillon mais pointe les potentiels problèmes à venir de notre société (sans pour autant en donner de solutions) même si l’histoire reste plus axée sur la recherche d’identité du personnage principal et de la démonstration du théorème Zéro. Un film à voir si le thème de la conscience vous intéresse (ou si vous voulez voir Waltz chauve, vous avez le choix).